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TRANSPARENCE AU FEDERAL
Les députés de la Commission Intérieur du parlement fédéral devront prochainement se prononcer (passage en 2ème lecture) sur différents amendements au
projet
de loi du gouvernement visant à réformer la législation sur la transparence des autorités publiques fédérales.
Les responsables politiques parlent souvent de transparence. Au-delà du discours et du marketing politique, les votes sont bien plus révélateurs
des
positions réelles des élus en matière de transparence.
A un an des élections, le vote des députés sur ces amendements revêt un intérêt particulier. Raison pour laquelle Cumuleo archivera le
vote de chaque député. Vous trouverez le détail des positions des députés dans les pages dédiées des mandataires ainsi que dans
cette page récapitulative.
=> AMENDEMENT VISANT A DOTER LA COMMISSION D'ACCES AUX DOCUMENTS ADMINISTRATIFS (CADA) D'UN POUVOIR DE DECISION (CADA CONTRAIGNANTE)
Auteurs de l'amendement : Les Engagés / PVDA-PTB / DéFi
Remarque de Cumuleo : La différence entre une CADA consultative et une CADA décisionnelle est simple.
Avec une CADA consultative (comme c'est le cas actuellement au fédéral et dans le projet de loi du gouvernement), les députés laissent les portes ouvertes
pour que les autorités publiques puissent ne pas respecter les droits fondamentaux (constitutionnels) des citoyens et des organisations
en matière de transparence. En effet, la CADA n'émet que de simples avis auxquels les autorités accordent l'attention qu'elles souhaitent
(
voir un exemple cité lors de l'audition de Cumuleo à la Chambre).
A l'inverse, lorsque la CADA est dotée d'un pouvoir de décision, elle se substitue à l'autorité publique qui refuse illégalement
la transparence en prenant une décision de transmission des documents à la place de l'autorité défaillante. C'est donc un « game changer »
en matière d'effectivité du droit d'accès aux documents publics et du respect de l'article 32 de la Constitution.
De plus, dans sa version consultative actuelle, la CADA ne se procure pas les documents sur lesquels elle doit émettre un
avis. Ses avis se limitent donc à une appréciation générale sur le caractère public ou non des documents.
Explication des auteurs de l'amendement : La Commission d'Accès aux Documents Administratifs fédérale (CADA) est la dernière CADA à ne pas
être dotée d'un pouvoir décisionnel. Depuis 2019, en Wallonie, à Bruxelles et en fédération Wallonie-Bruxelles et, depuis 2004, en Flandre, les Commissions d'Accès aux Documents
Administratifs (CADA) sont, en effet, dotées de pouvoirs décisionnels, d'investigation et de contrainte.
Il convient maintenant de corriger cette anomalie au niveau du fédéral et de suivre ainsi l'évolution naturelle vers une transparence pouvant
être concrétisée par des règles plus contraignantes où la CADA fédérale peut imposer des sanctions aux instances administratives qui refusent
de se conformer aux décisions relatives à l'accès aux documents et à leurs obligations légales et constitutionnelles en matière de transparence.
Ces sanctions devront être définies par le Roi.
L'enjeu est ainsi de rendre effectifs les droits fondamentaux des citoyens en matière de transparence.
Quels partis ont déjà voté pour une CADA décisionnelle dans les Régions ?
WALLONNIE 2019 =>
PS, ECOLO, MR, CDH et PTB
BRUXELLES 2019 =>
PS, MR, ECOLO, CDH, DéFI et Open VLD, SP.A, CD&V et GROEN
FLANDRE 2004 =>
CD&V, VLD, SP.A, GROEN
Ces partis vont-ils refuser de rendre la CADA fédérale contraignante alors qu'ils ont soutenu cette mesure dans les Régions ?
Le vote de Eric Thiebaut (PS) sur cet amendement visant à rendre la CADA décisionnelle (contraignante) sera prochainement publié ici.
=> AMENDEMENT VISANT A ELARGIR LES AUTORITES FEDERALES SOUMISES A LA TRANSPARENCE
Auteurs de l'amendement : PVDA-PTB
Remarque de Cumuleo : Cet amendement vise à ajouter une série d'autorités publiques qui seront soumises à la transparence. On notera par exemple le cas
du parlement fédéral qui jusqu'à présent échappe à la transparence, un comble au vu du scandale récent des sur-pensions des députés.
On notera qu'en Flandre, le parlement est soumis à la transparence. L'extension concerne aussi un organisme
comme la SMALS (CEO Frank Robben) qui fait régulièrement la une des médias.
Explication des auteurs de l'amendement : Comme l'indique dans son avis l'Association flamande des journalistes, le champ d'application
ratione personae de la loi du 11 avril 1994 est l'un des points faibles du régime actuel de la transparence administrative.
M. Luc Donnay, président de la CADA, a indiqué lors de son audition que dans son état actuel, la réforme pourrait avoir pour conséquence
de réduire le champ d'application de la loi tel qu'il est actuellement appliqué par la Commission.
Selon une pratique constante, la Commission a appliqué la jurisprudence de la Cour constitutionnelle qui a considéré à plusieurs reprises
qu'il était inconstitutionnel de ne pas accorder les mêmes droits et garanties au citoyen qui avait en face de lui une instance publique
qui ne pouvait pas être considérée comme une autorité administrative.
Pour éviter cette inconstitutionnalité, la Commission a été d'avis d'appliquer la loi de 1994 à des instances publiques qui ne pouvaient
pas être considérées comme des autorités administratives, mais à propos desquelles la Cour constitutionnelle avait indiqué qu'il serait
discriminatoire de ne pas leur appliquer les mêmes obligations. Avec la nouvelle loi, il est probable que la Commission s'estime incompétente
pour les entités publiques qui ne sont ni une autorité administrative ni une instance visée par l'énumération limitative.
Le présent amendement vise donc à étendre le champ d'application de la loi. Il s'inspire partiellement du décret de gouvernance flamand du
7 décembre 2018. Les nouvelles institutions auxquelles il est proposé d'étendre le champ d'application de la loi sont les suivantes :
- le Parlement fédéral, ses services et les institutions liées au Parlement fédéral;
- les institutions bénéficiant d'une dotation de la Chambre des représentants. Celles-ci comprennent la Cour des comptes, les Comités P et R,
les Médiateurs fédéraux, la Cour constitutionnelle, le Conseil supérieur de la justice, les Commissions de nomination pour le notariat,
l'Autorité de protection des données, la Commission BIM, l'Organe de contrôle de l'information policière, la Commission fédérale de déontologie
et le Conseil central de surveillance pénitentiaire;
- les institutions investies d'une mission de service public ; on vise ici les institutions majoritairement contrôlées ou financées par le
Parlement fédéral, les services publics fédéraux, une autorité locale ou une autre institution investie d'une mission de service public ; est
notamment visée l'ASBL SMALS.
Le vote de Eric Thiebaut (PS) sur l'élargissement des autorités soumises à la transparence
(parlement fédéral, SMALS,...) sera prochainement publié ici.
=> AMENDEMENT VISANT A SUPPRIMER LE MOTIF D'EXCEPTION A LA TRANSPARENCE DES CABINETS MINISTERIELS FEDERAUX
Auteurs de l'amendement : Les Engagés / PVDA-PTB / DéFi
Remarque de Cumuleo : Sous pression de l'organe anticorruption du Conseil de l'Europe (GRECO), le gouvernement a dû soumettre les
cabinets ministériels fédéraux à la transparence. Avec l'introduction d'un nouveau motif d'exception visant les documents portant
sur l'exécution d'une stratégie politique et détenus par les cabinets, il retire d'une main la transparence qu'il a été forcé, par le GRECO, de donner de l'autre.
Explication des auteurs de l'amendement : Le présent projet de loi n'est pas à la hauteur de l'enjeu fondamental que constitue la
transparence dans une société contemporaine et présente un déficit par rapport au niveau de transparence dont peut bénéficier le citoyen au niveau des régions.
D'ailleurs, les cabinets ministériels sont soumis à de nombreuses règles visant à garantir la transparence administrative depuis
2019 en Wallonie, à Bruxelles et en fédération Wallonie-Bruxelles et, depuis 2004, en Flandre.
Les exceptions classiques au principe du secret des délibérations restent d'application et il n'y a pas lieu d'ajouter de nouvelles
exceptions puisque cela n'empêche aucunement les cabinets ministériels de fonctionner depuis 19 ans en Flandre et, depuis 2019,
dans les autres entités fédérées.
Le projet de loi à l'examen, en introduisant une nouvelle exception au principe de la transparence administrative, formulée de
manière très vague, soustrait de fait la majorité des actes des cabinets ministériels à l'application du principe de la transparence administrative.
Le présent amendement vise donc à supprimer du projet de loi les motifs d'exception visant à limiter drastiquement la transparence
concernant les documents détenus par les cabinets ministériels.
Le vote de Eric Thiebaut (PS) sur la suppression de cette limitation à la transparence des documents
détenus par les cabinets ministériels sera prochainement publié ici.
=> AMENDEMENT VISANT A INSTAURER UNE PROCEDURE D'URGENCE POUR L'ACCES AUX DOCUMENTS ADMINISTRATIFS
Auteurs de l'amendement : Les Engagés / PVDA-PTB / DéFi
Remarque de Cumuleo : Cet amendement vise à instaurer une procédure d'urgence pour l'accès aux documents détenus par les autorités
publiques. Cette procédure d'urgence existe déjà dans la législation sur la publicité de l'administration en Région bruxelloise. En cas
d'urgence dûment motivée, le délai de transmission des documents passe de 30 à 7 jours.
Explication des auteurs de l'amendement : Le présent amendement fait suite à la demande de l'Association flamande des journalistes de
prévoir une procédure d'urgence. Le délai prévu à l'article 6, § 5, de la loi actuelle (30 jours pouvant être prolongés de 15 jours)
n'est pas compatible avec la pratique des journalistes qui doivent travailler dans des délais serrés. Une procédure accélérée est
introduite afin de rendre la faculté de demander des documents administratifs plus attractive non seulement pour les journalistes
mais aussi pour tous les citoyens pouvant justifier de l'urgence. Le texte s'inspire directement du décret bruxellois sur la publicité de l'administration.
Le vote de Eric Thiebaut (PS) sur l'instauration d'une procédure d'urgence en matière d'accès aux documents
détenus par les autorités fédérales sera prochainement publié ici.